Le foyer sans enfants, c’est le jour qui se voile
C’est un triste désert où les fronts sont rêveurs
Un ciel morne où jamais ne se lève une étoile
Un bosquet sans feuillage, un parterre sans fleurs.
Que j’aime à contempler ces petites têtes
Ces fronts où la candeur se plait à reposer
Ces rires et ces pleurs, éphémères tempêtes
Dont l’innocente ardeur s’éteint sous un baiser !
Ô doux épanchements, suaves harmonies
Qui de ces cœurs unis ne font qu’un même cœur
Propos gais et naïfs, demandes infinies!
Petits anges, répondez-moi… N’est-ce pas le bonheur ?
Le bonheur il n’est point dans le cœur solitaire
De l’homme qui s’obstine à vivre sans amour
Cœur plus sombre et plus froid que l’urne cinéraire
Où jamais ne pénètre un seul rayon du jour
Le bonheur il n’est point sans la coupe enivrante
Que l’humaine folie épuise avec transport
Breuvage qui séduit la foule délirante
Et dans la volupté lui fait trouver la mort
Non, le vrai bonheur n’est point dans ce qui brille
Dans les reflets trompeurs que l’argent fait luire aux yeux
Le vrai bonheur habite au sein de la famille
Terrestre paradis, vestibule des cieux