Quel est ce chant ?

Beau est le monde malgré la nuit

Secrète ta propre lumière intense

Malgré l’opacité du silence

Il y aura toujours éphémère cette chance

De se nourrir d’espérance

Ni la démence ni le sang

Avec la laideur et leurs transes

N’éteindront le chant

De l’oiseau au soleil levant

Penseurs

Puisque les plus heureux ont des douleurs sans nombre

Puisque les nuits sont froides, puisque les cieux sont lourds

Puisque l’homme ici-bas promène son cœur sombre

Parmi les vains regrets et les courtes amours

Que faire de la vie ? Ô notre âme immortelle

Où jeter tes désirs et tes élans secrets ?

Tu voudrais posséder, mais ici tout chancelle

Tu veux aimer toujours, mais la tombe est si près !

Le meilleur est encore en quelque étude austère

De s’enfermer, ainsi qu’en un monde enchanté

Et dans l’art bien aimé de contempler sur terre

Sous un de ses aspects, l’éternelle beauté.

Penseurs, au front serein, vous l’avez su comprendre

Vous qu’entre tous les arts le plus doux captiva

Qui l’entourez de foi, de culte, d’amour tendre

Lorsque la foi, le culte et l’amour, tout s’en va.

Ah ! tandis que pour nous, qui tombons de faiblesse

Et manquons de flambeau dans l’ombre de nos jours

Chaque pas a sa ronce où notre pied se blesse

Dans votre frais sentier marchez, marchez toujours

.

Marchez ! pour que le ciel vous aime et vous sourie

Pour y songer vous-même avec un saint plaisir

Et tromper, le cœur plein de votre idolâtrie

L’éternelle douleur et l’immense désir.