









Le bonheur est mélancolique
Le cri des plus joyeux oiseaux
Paraît lointain comme de l’eau
Où se noierait une musique
A l’oeil qui s’en repaît longtemps
La couleur des fleurs est moins fraîche
L’herbe a parfois l’air d’être sèche
Sur le sein même du printemps
L’allégresse comme un mensonge
Hausse sa note d’un degré
Et l’angoisse au coeur se prolonge
Sous un jour trop longtemps doré
Dans le vol tremblant de l’heure
Que nul ne peut retenir
Passe lentement et pleure
La chanson du souvenir.
Et quand sa course l’emporte
Plus loin que ne vont nos yeux
Plus d’une voix longtemps morte
Murmure encor des adieux.
Ainsi chaque heure envolée
Du nid fragile des jours
Nous fait plus inconsolée
La perte de nos amours !
Encore une fois j’ai souffert
Encore une fois j’ai pénétré l’éclipse
Encore une fois j’ai respiré l’absence
Réveillée dans ma torpeur matinale
J’ai vu mes rêves s’éloigner
Ma carapace se briser
Mes joues se couvrir de larmes.
Larmes, de nouveau des larmes
Unique réponse
Impuissante devant cette vie
Sublimement transcendante.