La poésie.

Certains soirs, en poésie

Il y a des poèmes qui ne parlent plus

Fatigué par une trop longue journée de travail

On a envie de leur dire : allez ailleurs raconter vos histoires

De désespoir ou d’amour fou ou de n’importe quoi c’est pareil

Allez ailleurs je suis fatigué.

Certains soirs dans la vie

Parfois en poésie

On n’a plus envie

ni d’amour ni d’espoir

Juste de fermer les yeux et dormir.

Arrive alors, en poésie

qu’ouvrant au hasard une page

explosent quatre vers comme un volcan

un sourd-muet en pleurerait

retrouvant la parole

un désespéré sa joie de vivre

Il arrive que dans la vie, parfois, des hommes explosent

Il est vrai que toujours en poésie rire, rêver, pleurer

un seul et même mot

Comme toujours dans la vrai vie.

Les Vieux

Les vieux ne parlent plus

ou alors seulement

Parfois du bout des yeux

Ils n’ont plus d’illusions

Quand on vit trop longtemps

Est-ce d’avoir trop ri que leur voix se lézarde

Surtout quand ils parlent d’hier

Et d’avoir trop pleuré

Que des larmes encore leur perlent les paupières

Et s’ils tremblent un peu

Est-ce de voir vieillir

La pendule qui ronronne au salon

Qui dis oui, qui dis non

Qui dit : je vous attends.

Les vieux ne rêvent plus.

Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides

leur monde est trop petit

Du lit à la fenêtre

Puis du lit au fauteuil

Et puis du lit au lit

.

M’aimes-tu toujours ?

IL y a tant d’années que nous sommes ensemble

Que le temps qui s’écoule est comme une habitude

Cela m’effraie parfois à tel point que j’en tremble

Craignant que tu n’éprouves un rien de lassitude.

Aux temps des premiers jours l’amour était tout neuf

Brillant comme un métal qui eût été poli

Il attirait vraiment comme attire un sou neuf

La patine du temps ne l’a-t-elle assombri ?

Les saisons qui passèrent amenèrent leur lot

De joie et de bonheur, mais aussi de souffrance

Nous restâmes unis emportés dans le flot

Pour ne pas transgresser le voue de notre alliance.

Les sillons, un à un marquèrent nos visages

Tandis que notre peau mollissait doucement

Et quand, de nos vingts ans, nous voyons les images

Il me semble te voir soupirer tristement.

C’est pourquoi mon esprit se pose une question

Car si mon coeur pour toi brûle d’un même feu

Il aimerait savoir dans quelle proportion

Bat le tien, dis- le moi : m’aimes-tu donc un peu ?

Le jeune et la Vieille

Enfant charmant à voir

Et couronné de roses

Je montre aux coeurs moroses

Ce qu’ils voudraient avoir.

Je cours, matin et soir

Après les belles choses

Papillons blancs et roses

Je suis le jeune espoir !

Vieillard à la voix tendre

Que chacun aime entendre

Et cherche à retenir.

J’entre au seuil, et doux hôte

Je rends ce que l’âge ôte

Je suis le souvenir !