J’aimais changer de cieux, de climat, de lumière
Oiseau d’une saison, je fuyais avec l’été
Et mon vol inconstant allait du rivage austère
Au rivage enchanté.

Mais qu’à jamais le vent bien loin du bord m’emporte
Où j’ai dans d’autres temps suivis des pas chèris
Et qu’aujourdhui déja ma félicité morte
Jonche de ses débris !

Combien ces lieux m’ont plu ! non pas que j’eusse encore
Vu le ciel y briller sous un soleil pâli
Le bonheur qui dans mon âme enfin venait d’éclore
L’avait seul embelli.

Hélas ! avec la maladie ont disparu ces charmes
Assise au fauteuil, regardant ce ciel brumeux
Je vois se lever comme un fantôme en larmes
L’ombre des jours heureux.

Oui, pour moi tout est fini, ne reste que cette page
De la présence chère et du regard aimé
Fini la voie connue et de la douce image
Dont j’eus le coeur charmé.

Comment pourrais-je encor, désolée et pieuse
Guérir ce coeur meurtri
Oublier ces voyages , seule, ou en compagnie joyeuse
où j’ai souri ?

Si rien ne peut refleurir, le présent sans charmes
Projet….. brisé
Du moins mon pauvre coeur, fatigué de mes larmes
Doucement s’est apaisé.

Maintenant sous mon ciel que le jasmin parfume
Et qui sourit toujours
Rêver aux temps aimés, et voir sans amertume
Naître et mourir les jours.
