Lorsque tu nais, bébé, pour apaiser tes pleurs
Un hochet t’est donné qui calme ta misère
Pour toi, pauvre bouton né de vivantes fleurs
Le premier des hochets est le sein de ta mère.
Après des jours riants, autour de ton berceau
Un par un sur ton front tressent une couronne
C’est l’espoir de la vie : en est-il un plus beau ?
Ce hochet des hochets c’est Dieu qui seul qui le donne.
Puis alors, tu grandis par des jours moins sereins
Par de légers tourments ton enfance est suivie
Et le hochet qu’on offre à tes premiers chagrins
C’est l’étude sévère, âme de notre vie.
Enfin l’adulte arrive, oh! déjà, pauvre enfant
Les pensées par milliers prennent ta tête folle
Tu rêves pour hochet un chemin brillant
Et celui que tu prends, souvent hélas ! s’envole.
L’âge viril alors sait choisir le hochet
Que Dieu dans ton cerveau, durant ta longue enfance
Par un secret profond sans cesse te cachait
Et que font découvrir l’âge et l’expérience.
Le Temps avec son aile a blanchi tes cheveux
Si noirs, si beaux jadis, et dont la moitié tombe
Il te donne un bâton pour que tu marches mieux
C’est ce dernier hochet qui conduit à la tombe.