
Ah ! le corps seulement, barque usée à la lame
Vieillit et se déjoint, et sombre avec effroi
L’âme, sa passagère, au bord nage avec foi !
L’âme ne périt point, bien haut tout le proclame.

Ô ma mère, foyer dévoré par ta flamme
Que je fus convaincu de l’éternelle loi
De notre humanité,quand je voyais en toi
La vieillesse du corps, la jeunesse de l’âme.

Sous tes vieux ans mon oeil trouvait sans s’étonner
Les jeunes sentiments, je sentais bouillonner
La sève de ton coeur sous ta chétive écorce.

Au dehors, au dedans te regardant toujours
Je pleurais, j’admirais le mystère des jours
Le corps dans sa faiblesse et l’âme dans sa force !
