Le nouveau Coeur

Serait-ce un autre coeur que la Nature donne

A ceux qu’elle préfère et destine à vieillir

Un coeur calme et glacé que toute ivresse étonne

Qui ne saurait aimer et ne veut pas souffrir ?

Ah ! qu’il ressemble peu, dans son repos tranquille

A ce coeur d’autrefois qui s’agitait si fort !

Coeur enivré d’amour, impatient, mobile

Au-devant des douleurs courant avec transport.

Il ne reste plus rien de cet ancien nous-mêmes

Sans pitié ni remords le temps nous l’a soustrait

L’astre des jours éteint, cachant ses rayons blêmes

Dans l’ombre qui l’attend se plonge et disparait.

A l’horizon changeant montent d’autres étoiles

Cependant, cher Passé, quelquefois un instant

La main du Souvenir écarte tes longs voiles

Et nous pleurons encore en te reconnaissant.