
J’ai vu des jours où nous vivions en frères
Servant le même Dieu aux autels littéraires
Le ciel n’avait formé qu’une âme pour deux corps
Beaux jours d’épanchement, d’amour et d’harmonie
Où ma voix à la tienne incessamment unie
Allait se perdre au ciel en de divins accords.
Qui de nous a changé ? Pour ta carrière
Tu cours en avant, me laissant derrière.

Lequel des deux a déserté les rangs ?
Pourquoi ces deux vaisseaux qui naviguaient ensemble
Désespérant déjà d’un port qui les rassemble
Vont-ils chercher si loin des bords si différents ?.
Toi tu changeas. Un nom qui se révèle
T’éblouit des rayons de sa gloire nouvelle
Tu vois dans e bourgeon le fruit qui doit mûrir
L’amour de l’argent, tu sèmes la parole et tu la fais fleurir.

C’est ainsi que j’entends l’oeuvre de poésie
Chacun de nous c’est fait l’art à sa fantaisie
Chacun de nous l’a vu d’un différend côté
Prisme aux mille couleurs, chaque oeil en saisit une
Dieu lui seul peut tout voir dans son immensité.
Conserve ta croyance et respecte les autres
Apôtre dévoué de la gloire d’un autre
Fais-toi de ton Dieu confesseur et martyr.

Ne crois pas que mon cœur cède comme une argile
Ni que ta voix, prêchant ce nouveau évangile
Si chaude qu’elle soit, puisse me convertir.
Adieu, garde ta foi, garde ton opulence
Laisse-moi recueillir mon cœur dans le silence
Laisse-moi consumer mes jours comme un reclus
Pardonne cependant à cette rêverie
C’est le chant d’un vieux, en quittant la vie
C’est la voix d’un ami que tu n’entendras plus
