Pensée

Par mon amour et ma constance

J’avais cru fléchir ta rigueur

Et le souffle de l’espérance

Avait pénétré dans mon cœur

Mais le temps, qu’en vain je prolonge

M’a découvert la vérité

L’espérance a fui comme un songe

Et mon amour seul m’est resté !

Il est resté comme un abîme

Entre ma vie et le bonheur

Comme un mal dont je suis victime

Comme un poids jeté sur mon cœur !

Pour fuir le piège où je succombe

Mes efforts seraient superflus

Car l’homme a le pied dans la tombe

Quand l’espoir ne le soutient plus

J’aimais à réveiller la lyre

Et souvent, plein de doux transports

J’osais, ému par le délire

En tirer de tendres accords

Que de fois, en versant des larmes

J’ai chanté tes divins attraits !

Mes accents étaient pleins de charmes

Car c’est toi qui les inspirais

Ce temps n’est plus, et le délire

Ne vient plus animer ma voix

Je ne trouve point à ma lyre

Les sons qu’elle avait autrefois

Dans le chagrin qui me dévore

Je vois mes beaux jours s’envoler

Si mon œil étincelle encore

C’est qu’une larme va couler !

Brisons la coupe de la vie

Sa liqueur n’est que du poison

Elle plaisait à ma folie

Mais elle enivrait ma raison

Trop longtemps épris d’un vain songe

Gloire ! amour ! vous eûtes mon cœur

O Gloire ! tu n’es qu’un mensonge

Amour ! Tu n’es point le bonheur !