Quand mon esprit fringant, et pourtant aux abois
A tout le jour souffert de sa force prodigue,
L’heure lasse du soir vient m’imposer son poids :
Merci pour la fatigue !
Peut être que la peur, l’orgueil, l’ambition
Peuvent par leur angoisse aride et hors d’haleine,
Recouvrir un instant ma triste passion
Merci pour l’autre peine !
Rétrécissant sur toi le confus infini,
Je ne situais plus que ton coeur dans l’espace :
Le sombre oubli des nuits te rend ta juste place :
Sommeil soit béni !
Parfois, abandonnée à ma hantise unique,
j’ignore que le corps a ses humbles malheurs,
Mais la souffrance alors m’aborde, ample et tragique
Merci pour la douleur !
N’octroyant plus au temps ses bornes reposantes,
Tant le désir rêveur m’offre ses océans,
Tu me désapprenais la mort : elle est présente,
Merci pour la plénitude, Non au néant !