Du Temps qui passe,
Regardons après lui :
Il ne laisse sur sa trace
Que le néant et l’oubli.
A tout détruire il s’évertue,
Profitons bien des instants :
Bien avant qu’il nous tue,
Mes amis, tuons le Temps.
Ce vieillard, cruel moissonne
Les plus illustres talents ;
Il ne ménage nulle personne :
Ne ménageons point le Temps.
Dans sa course meurtrière,
S’il lève sa faux sur nous,
Ne faisons point de prière
Pour échapper à ses coups .
Abandonnons lui sa proie,
Mais, en redoublant nos chants,
Eternisons à jamais notre joie,
Et nous survivrons au Temps.