On peut, en riant, piquer quelque peu
Et s’en accuser n’est point nécessaire
Mais il ne faut pas prolonger ce jeu
Tout jeu prolongé devient une affaire.
Quand le papillon traverse un jardin
Lutinant les fleurs des plantes qu’il frôle
Il ne fait, au vent de son vol badin
Qu’en passant, frémir, pencher leur corolle.
Il se pose à tout si légèrement
Le parfum qu’il vole est si peu de chose
Que, par lui troublés çà peine un moment
Rayonne toujours l’hibiscus et la rose.
Mais quand, pour sucer le plus doux nectar
L’abeille se plonge au fond d’un calice
Lentement s’étale et plante son dard
On doit craindre, hélas! …. que la fleur périsse
Effleurant tout et ne blessant rien
Se joue au soleil une libellule
Folâtre et rieur, dans un entretien
Sans penser à mal notre esprit circule.
Et voilà pourtant que, sur quelques mots
Les yeux ont pleuré, le coeur s’alarme
Pour ces erreurs gardez les sanglots
Ces fautes n’ont rien qui vaille une larme.